Entreprise

Les millennials et leur refus du travail traditionnel : causes et tendances

En France, 59 % des moins de 35 ans déclarent ne pas vouloir occuper un poste à responsabilité, selon une étude de l’Ifop publiée en 2023. Les entreprises constatent une hausse du turnover et une baisse de l’engagement chez les jeunes diplômés, alors que ces derniers affichent des niveaux de qualification inédits. Le télétravail, longtemps perçu comme une exception, s’impose désormais comme une revendication centrale lors des entretiens d’embauche.

Cette évolution ne relève ni d’un désintérêt généralisé pour l’emploi, ni d’un simple effet de mode. Elle résulte d’un rapport au travail profondément transformé, dont les racines et les implications dépassent largement les clichés sur la jeunesse.

Millennials et génération Z : quelles différences dans la façon d’envisager le travail ?

Chez les millennials et la génération Z, une même envie de rompre avec le modèle professionnel traditionnel domine, mais leur regard sur le travail n’est pas uniforme pour autant. Les premiers, nés entre 1981 et 1996, ont grandi au rythme d’internet et de l’essor des réseaux sociaux. Ils cherchent la stabilité, tout en exigeant du sens dans ce qu’ils font et une reconnaissance individuelle bien réelle. Leur arrivée sur le marché de l’emploi a coïncidé avec la montée en puissance du télétravail, qu’ils perçoivent comme un moyen de gagner en autonomie et d’atteindre un équilibre vie pro/vie perso plus satisfaisant.

Du côté de la génération Z, née après 1997, c’est le pragmatisme qui prévaut. Ces jeunes, baignés dès l’enfance dans la technologie, manient les médias sociaux avec une aisance déconcertante et s’informent à la seconde près. Leur fidélité à une entreprise ne tient qu’à un fil : ils privilégient la mobilité, la flexibilité et changent d’emploi dès lors que leur santé mentale ou leurs valeurs sont mises à mal. Les questions d’environnement et de responsabilité sociale influencent fortement leurs choix, bien plus que chez leurs aînés.

Face à ces transformations, les entreprises françaises peinent à ajuster leur culture managériale. Les codes du monde du travail évoluent sous l’impulsion de ces jeunes générations, qui ne se satisfont plus du présentéisme et revendiquent performance mesurable et transparence.

Voici quelques exemples concrets de ces bouleversements :

  • Télétravail et horaires aménagés font désormais partie des attentes de base.
  • La quête de sens prend le pas sur la recherche de statut ou de rémunération.
  • L’utilisation massive des technologies redessine les modes de communication internes comme externes.

Au final, la fracture entre générations ne traduit pas un rejet du travail, mais une volonté affirmée de redéfinir ses contours, ses objectifs et la place qu’il occupe dans l’existence.

Entre quête de sens, équilibre vie pro/vie perso et besoin d’autonomie : ce qui motive vraiment ces nouvelles générations

Pour les millennials comme pour la génération Z, la motivation prend racine dans la cohérence entre leur emploi et leurs valeurs personnelles. Ils ne se contentent plus d’un salaire : le bien-être au travail devient central. L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée n’est plus négociable, il guide leurs choix, parfois jusqu’à une rupture nette avec leur employeur.

La flexibilité s’impose comme une condition sine qua non. Refus du présentéisme, recherche d’autonomie, liberté dans l’organisation des horaires ou recours au télétravail : la capacité à piloter son quotidien selon ses besoins et ses aspirations façonne l’engagement. Les jeunes sont attentifs à leur santé mentale et à la qualité de leur environnement de travail ; ils n’hésitent plus à tourner la page si l’ambiance devient délétère ou si le poste ne correspond plus à leur projet de vie.

Dans cette dynamique, la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise pèse lourd. Ce ne sont plus la promesse d’une promotion ou d’un titre qui fait la différence, mais la possibilité de contribuer à des projets ayant du sens, la transparence du management et de réelles opportunités de développement professionnel.

Voici ce que ces générations attendent concrètement de leur cadre professionnel :

  • Reconnaissance du savoir-faire et de l’investissement individuel
  • Un esprit d’équipe valorisé et fédérateur
  • Engagement de l’entreprise sur la durabilité et les enjeux sociaux

Résultat : sous la pression de ces nouvelles attentes, la culture d’entreprise change de visage. Les jeunes actifs n’acceptent plus de compromis entre leurs convictions profondes et leur implication professionnelle.

Femme millennial dans un bureau lumineux

Management intergénérationnel : quelles stratégies pour une entreprise plus inclusive et performante ?

Le management intergénérationnel s’impose comme un défi de taille pour les entreprises qui veulent conjuguer performance et inclusion. Avec des attentes aussi variées, millennials, génération Z, mais aussi génération X et baby-boomers, les vieilles recettes ne suffisent plus. Les sociétés françaises en prennent progressivement conscience, que ce soit dans la construction de leur marque employeur ou dans la redéfinition de leur culture d’entreprise.

Valoriser la diversité générationnelle devient un levier d’innovation. Certains dirigeants, inspirés par les analyses de Dominique Méda, misent sur des environnements de travail favorisant la transmission des savoirs et le dialogue entre générations. Il ne s’agit pas de choisir entre jeunesse et expérience, mais de réunir les forces autour de projets collectifs où le leadership s’exprime sous différentes formes.

Plusieurs dispositifs se révèlent efficaces pour concrétiser cette ambition :

  • Formations croisées pour élargir le champ des compétences
  • Leadership partagé qui favorise la co-responsabilité
  • Espaces de travail repensés pour encourager la coopération

La capacité à faire cohabiter plusieurs visions du travail n’est plus une option, mais un véritable enjeu d’attractivité. L’inclusion se construit dans les actes quotidiens, quand la diversité devient un moteur et non plus un mot d’ordre abstrait. Reste à savoir quelles entreprises sauront transformer cette richesse générationnelle en atout stratégique, et lesquelles resteront à quai, incapables d’embarquer toutes les énergies.