Vivre en France et payer ses impôts au Royaume-Uni : modalités et réglementations
Un chiffre sec, qui sonne comme un couperet : 183 jours. C’est la frontière invisible qui, chaque année, décide du pays où vous devrez rendre des comptes au fisc, et pas question de s’en remettre à son passeport pour échapper à la règle. Entre la France et le Royaume-Uni, la convention fiscale balaie les idées reçues : ce n’est pas la nationalité mais le véritable lieu de vie, celui où s’ancrent vos intérêts, qui détermine le régime d’imposition. Dès lors, un résident français peut se retrouver à devoir déclarer ses revenus outre-Manche, à condition de satisfaire aux critères stricts de présence et de liens économiques. Les mécanismes de déclaration, le traitement des plus-values, la prévention des doubles prélèvements : rien n’est laissé au hasard, et chaque situation impose son lot de démarches, parfois inattendues, souvent pointilleuses.
Plan de l'article
Comprendre la résidence fiscale entre la France et le Royaume-Uni : ce que cela change pour les expatriés
Choisir où l’on paie ses impôts ne relève pas d’un simple formulaire. Pour tout expatrié partagé entre la France et le Royaume-Uni, la convention fiscale franco-britannique impose un cadre strict. Se déclarer résident fiscal dans un pays ou dans l’autre impacte directement la façon de déclarer ses revenus, et façonne les obligations vis-à-vis des deux administrations.
La résidence fiscale dépend d’abord, très concrètement, du temps passé sur place. Passer plus de 183 jours dans un pays, et vous voilà rattaché fiscalement à ce territoire.
- Plus de 183 jours passés dans un pays sur l’année, et le statut de résident fiscal s’impose de fait.
Mais ce n’est pas le seul critère. Foyer familial, localisation des principales sources de revenus, actifs financiers ou immobiliers : la notion de « centre des intérêts économiques » complète la règle du nombre de jours. Où se situe la vie professionnelle et privée ? Où sont placés les capitaux ? Ce sont ces éléments qui tranchent, en cas de situations mixtes.
Pour ceux qui jonglent entre deux pays, ces paramètres ne sont jamais anodins. Vivre en France tout en se déclarant résident au Royaume-Uni expose à des contrôles rigoureux : les administrations exigent des preuves tangibles, contrat de travail, attestations de résidence, relevés bancaires. Ces dernières années, la lutte contre la fraude et l’évasion s’est nettement durcie, et désormais, la France et le Royaume-Uni échangent de façon systématique des données fiscales.
Les critères à retenir sont donc multiples :
- La durée de séjour : 183 jours, véritable pivot pour déterminer le pays d’imposition
- Le centre des intérêts économiques : revenus, patrimoine, cercle familial
- L’échange automatique de renseignements entre les administrations françaises et britanniques
Chaque contribuable voit ainsi sa situation scrutée, au fil de ses choix de vie et au gré de la vigilance accrue des services fiscaux.
La règle des 183 jours : comment déterminer votre pays d’imposition ?
Le pays de résidence fiscale ne se choisit pas sur un coup de tête. La règle des 183 jours fixe la limite : passer plus de la moitié de l’année dans un pays, et celui-ci devient, par principe, votre port d’attache fiscal. Ce seuil, loin d’être anecdotique, structure la séparation entre résidence fiscale française et britannique, et conditionne vos droits… comme vos obligations.
Au Royaume-Uni, depuis le Brexit, le sufficient ties test s’applique. Il ne suffit plus de compter ses jours : la présence sur le sol britannique se combine avec d’autres éléments, logement disponible, famille, emploi, historique des séjours. L’administration fiscale, la HMRC, étudie l’ensemble pour décider si vous relevez du régime britannique.
Côté français, on reste attaché à la durée de séjour, mais la question du centre des intérêts économiques s’invite dès que la situation se complique. Un employé détaché, un entrepreneur naviguant entre deux rives, un retraité globe-trotteur : chacun doit examiner, à la loupe, la combinaison de ces critères.
- Plus de 183 jours dans le pays durant l’année fiscale : la résidence fiscale est présumée.
- Attaches familiales ou professionnelles, logement principal, localisation des revenus : autant d’indices qui peuvent faire pencher la balance.
- Pour le Royaume-Uni : application stricte du sufficient ties test.
Le risque de déclarer ses revenus deux fois, ou de les omettre, n’est pas qu’un scénario sur le papier. Les administrations françaises et britanniques partagent désormais automatiquement vos informations, rendant les situations frontalières bien plus transparentes qu’auparavant.
Plus-values, déclarations et double imposition : gérer concrètement sa fiscalité franco-britannique
Gérer ses impôts entre la France et le Royaume-Uni, ce n’est pas simplement remplir deux déclarations. Entre les revenus du travail, les plus-values, les dividendes, la convention fiscale bilatérale trace une ligne claire : chaque source de revenu, chaque gain, doit trouver sa place dans la déclaration adéquate, sans jamais être taxé deux fois. Mais ce système d’équilibre exige rigueur et précision.
Prenons un exemple concret : un résident fiscal britannique qui perçoit des loyers d’un appartement situé à Paris. Ces revenus immobiliers restent imposés en France, peu importe le lieu de résidence. Même logique pour les dividendes d’une entreprise française ou les plus-values sur un bien situé dans l’Hexagone. À l’inverse, les salaires ou dividendes perçus au Royaume-Uni relèvent de la fiscalité britannique. La déclaration de revenus française doit alors mentionner ce qui a déjà été imposé outre-Manche. Le crédit d’impôt prévu par la convention vient neutraliser toute double taxation : il compense, à l’euro près, l’impôt déjà acquitté à l’étranger.
Ce principe de transparence va au-delà des revenus courants. Les comptes bancaires ouverts au Royaume-Uni doivent être signalés lors de la déclaration en France. L’omission expose à des sanctions, et l’automatisation de l’échange d’informations rend le repérage des comptes étrangers quasi inévitable. Même rigueur pour les plus-values mobilières : leur imposition dépend de la résidence, mais la convention veille à éviter tout cumul de prélèvement.
Pour clarifier, voici les points à surveiller lorsqu’on jongle avec la fiscalité des deux pays :
- Tout revenu provenant de France implique une déclaration sur le territoire français.
- Le crédit d’impôt permet d’éviter que le même revenu soit imposé deux fois.
- Les comptes bancaires détenus à l’étranger doivent obligatoirement être indiqués.
Au final, la fiscalité franco-britannique fonctionne comme une mécanique de précision : chaque rouage compte, chaque déclaration pèse. Reste à chacun de choisir sa trajectoire avec lucidité, pour ne jamais se retrouver pris au dépourvu quand l’administration frappe à la porte.
