Contraintes et défis de l’agriculture au Burundi
Près de 90 % de la population active burundaise dépend du secteur agricole, alors que ce dernier ne contribue qu’à environ 40 % au produit intérieur brut national. Le rendement moyen des cultures vivrières reste inférieur à celui des pays voisins, malgré un potentiel agronomique comparable.
Cette situation résulte d’une combinaison de facteurs structurels : pression démographique, morcellement des terres, accès limité aux intrants et aux financements, volatilité des prix, ainsi que des épisodes climatiques extrêmes récurrents. Les politiques publiques peinent à répondre efficacement à ces défis, tandis que les initiatives locales en faveur d’une agriculture durable éprouvent des difficultés à s’imposer à l’échelle nationale.
Plan de l'article
Situation économique et financière actuelle du Burundi : quels impacts sur le secteur agricole ?
La fragilité économique et financière qui secoue le Burundi n’épargne pas le secteur agricole. Depuis la crise politique de 2015, la production alimentaire a chuté de 25 %, selon la Commission européenne. Un chiffre qui en dit long sur la gravité de la situation : il faut remonter à la guerre civile de 1993 pour retrouver un tel effondrement. Résultat, les pénuries gagnent du terrain, la malnutrition progresse. À Bujumbura, sur les étals des marchés, l’inquiétude grandit à mesure que les prix des aliments de base s’envolent, tandis que la population, toujours plus nombreuse, peine à suivre.
Les sanctions internationales portées par l’Union européenne et l’ONU, combinées à l’isolement diplomatique, accentuent la crise. Face à ces contraintes, le gouvernement burundais dispose de moyens limités pour soutenir ses agriculteurs. Les aides extérieures, relayées par le Programme alimentaire mondial, jouent un rôle d’amortisseur mais ne s’attaquent pas aux racines du problème : l’autonomie alimentaire reste un horizon lointain.
Les chiffres publiés par l’Institut des statistiques et des études économiques du Burundi, sur la base des données du service national des études et statistiques, confirment une baisse continue de la productivité agricole. Plusieurs raisons structurent ce constat : des terres découpées à l’extrême, une raréfaction des intrants, l’accès au crédit qui demeure une course d’obstacles, et la volatilité du marché local. À cela s’ajoute une croissance démographique qui ne faiblit pas, mettant toujours plus de pression sur des ressources déjà fragiles.
Dans ces conditions, le quotidien des agriculteurs burundais vire souvent à la lutte pour subsister. Faute d’un appui solide et d’une vision à long terme, le secteur agricole reste enfermé dans une économie vulnérable et une gouvernance à bout de souffle.
Contraintes majeures rencontrées par les agriculteurs burundais face aux défis économiques
La précarité des moyens de production s’impose chaque jour dans la vie des exploitants burundais. L’agriculture familiale, base de la subsistance de 90 % de la population, fonctionne avec des ressources au compte-gouttes. Semences sélectionnées, engrais, produits phytosanitaires : ces intrants manquent cruellement, surtout depuis que les sanctions internationales compliquent les importations. Conséquence, la marge de manœuvre des petits producteurs se réduit d’année en année.
Le morcellement extrême des terres complique encore le tableau. La plupart des exploitations ne dépassent pas un hectare. Impossible dans ces conditions de pratiquer une rotation efficace ou de diversifier suffisamment les cultures. Pour s’en sortir, beaucoup misent sur l’intensification : multiplication des cycles, associations complexes de légumineuses, tubercules, bananeraies. La bananeraie, véritable socle de la fertilité des sols, aide à compenser la dégradation des terres, mais ne suffit plus à sécuriser les récoltes.
Voici quelques contraintes spécifiques qui pèsent sur les agriculteurs burundais :
- La crise politique a entraîné l’exode de plus de 400 000 personnes, privant le secteur de travailleurs indispensables.
- La production de café, seule grande culture non associée, subit de plein fouet la volatilité des marchés mondiaux et l’instabilité locale.
- L’aide alimentaire internationale, si elle évite l’effondrement, installe une dépendance qui fragilise les circuits de distribution locaux.
Le secteur agricole burundais se débat donc entre adaptation permanente et manque de ressources, entre survie au quotidien et impossibilité d’investir sur le long terme. Les associations paysannes tentent de combler le vide laissé par le soutien institutionnel, mais peinent à faire la différence à grande échelle. Chaque campagne agricole devient alors une épreuve collective, où l’incertitude règne et la résilience s’impose comme seule boussole.
Des solutions naturelles pour une agriculture durable : quelles perspectives pour l’économie locale ?
La résilience rurale burundaise ne vient pas d’en haut, mais du terrain. Associations paysannes, ONG et coopération belge au développement tissent patiemment un réseau de solidarité et de savoir-faire, là où le soutien institutionnel fait défaut. Ces collectifs, ancrés sur les collines, facilitent la formation, mutualisent les outils et diffusent des pratiques d’agroécologie adaptées à la réalité des petites parcelles.
L’agroécologie, loin d’être un simple mot à la mode, change la donne pour de nombreux agriculteurs. Rotation des cultures, utilisation des résidus organiques, haies vives pour lutter contre l’érosion : ces techniques s’appuient sur la biodiversité locale et limitent la dépendance aux importations. Peu à peu, l’autonomie s’installe, la fertilité des sols s’améliore. Même face aux caprices du climat ou à l’instabilité politique, ces pratiques offrent un socle plus solide aux exploitations familiales.
Trois leviers principaux renforcent cet élan agroécologique :
- Les associations cultivent la cohésion sociale, indispensable dans un contexte de crise et d’exode rural.
- La diversification des cultures réduit la vulnérabilité face aux aléas qui frappent le café.
- Les initiatives locales s’inscrivent dans l’Objectif de Développement Durable 2, axé sur la sécurité alimentaire et la durabilité des systèmes agricoles.
Une nouvelle dynamique se dessine ainsi dans les marchés de proximité, où femmes et jeunes s’impliquent activement. Les petits producteurs, les artisans, les consommateurs créent ensemble des circuits courts qui redonnent souffle et flexibilité à l’économie rurale. Malgré les embûches politiques et les sanctions, l’agriculture burundaise fait preuve d’une capacité d’adaptation remarquable. L’histoire continue de s’écrire, sur chaque parcelle, au rythme de la volonté collective.
